Un chat dans un bar... [Pv : Shinichi]

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Ouvrir un œil. Bien… Ouvrir le deuxième. Parfait. Tourner sa tête vers le réveil : 9h23. Merde ! A présent bien réveillé, Alekseï tenta de s’extirper des bras fermement passés autour de sa taille sans réveiller le possesseur desdits bras. Une affaire loin d’être simple pour faire court… Après quelques minutes de combat acharné, et par la force de l’habitude, sûrement, l’albinos parvint à se défaire de l’étreinte et sortit du lit en frissonnant. Pendant quelques secondes, il considéra l’option de retourner se blottir dans ce lit auprès de ce brun un peu banal, mais qui avait eu la gentillesse de l’héberger pour la nuit, puis il secoua la tête avant d’attraper ses vêtements éparpillés un peu n’importe où dans la pièce. Et le tout, en silence. Il ne fallait surtout pas que Hisashi – ou Hitoshi, peu importe – se réveille tant qu’il ne serait pas parti. Il lui avait proposé de rester quelques jours et de parler à son maître – inexistant au passage – pour qu’il arrête de le jeter comme un malpropre de chez lui à la moindre petite chose. Si la proposition était honorable en soit, Alekseï ne tenait vraiment pas à ce que l’on s’aperçoive, qu’en réalité, il n’avait pas de maître…
Une fois ses affaires ramassées, il attrapa un gros sac qui ne le quittait jamais et dans lequel il entreposait tous ses vêtements et ses très chères sucreries. La seule excuse qu’il avait trouvé pour ses hôtes était qu’il avait tellement l’habitude de se faire jeter dehors qu’il avait donc été obligé de mettre quelques unes de ses affaires dans ce sac, au cas où. Et si l’excuse, en soit, était un peu bidon, dite avec un air malheureux et les yeux légèrement humides, elle passait sans le moindre problème. Les humains avaient beau se penser supérieurs, ils restaient néanmoins un peu trop crédules pour leur bien, au plus grand plaisir d’Alekseï qui ne manquait jamais une occasion d’en profiter.

Malgré le fait qu’il soit pressé, Alekseï était incapable de sortir de l’appartement sans faire un tour à la salle de bain. Et puis, de toute façon, après une nuit telle que celle-ci, le passage à la douche était obligatoire s’il ne voulait pas avoir l’impression d’être sale tout au long de la journée… Seulement, être propre, d’accord, mais rien que l’idée de devoir passer sous l’eau lui donnait des sueurs froides. Il ne comprendrait sûrement jamais le plaisir que les humains avaient à rester de longues minutes sous l’eau. C’était juste tellement…désagréable. Prenant son courage à deux mains, le Neko entra dans la baignoire et se savonna avec le premier gel douche qui lui passa sous la main, sans allumer l’eau, bien évidemment. Il n’allumait l’eau que pour se rincer et le tout, en moins de deux minutes. Quand il fut correctement rincé, il n’attendit pas une seconde de plus pour éteindre l’eau, le souffle court pour avoir cherché à retenir sa respiration durant l’opération et tremblotant. Avait-il besoin de préciser à quel point il n’aimait pas l’eau ? Il résista à l’envie de s’ébrouer et attrapa une serviette pour s’emmitoufler dedans. Bien, il n’avait plus qu’à se brosser les dents, s’habiller et piquer quelque chose dans la cuisine et il pourrait sortir d’ici…

Dix minutes plus tard, Alek’ sortit de l’appartement frais et dispo, une sucette provenant de son sac dans la bouche, n’ayant rien trouvé de plus consistant – et d’au moins aussi sucré – chez son hôte. Une nouvelle journée qui commençait… La veille, l’albinos avait repéré un bar qui embauchait uniquement des Neko et même si quelque chose lui disait que c’était peut-être un plan établit par la fourrière destiné à capturer des Neko « rebelles », sa curiosité le poussa à y faire un tour. Pourquoi pas après tout… De toute manière, jusque là, il ne s’était jamais fait prendre, pourquoi maintenant ? Au pire, il était plus malin que n’importe quel humain sur cette planète… Satisfait par son raisonnement, le Neko tenta de retrouver ledit bar, ne s’inquiétant plus du fait que cela pourrait être un piège. Bar qu’il retrouva après une bonne demi-heure à tourner dans le centre-ville. Il eut un petit sourire amusé en lisant le nom du bar : Neko’s Touch… Comme si les humains n’étaient pas constamment au contact des Neko… Sans plus attendre, il poussa la porte du bar et son regard fut immédiatement attiré par l’homme qui se tenait derrière le bar, visiblement occupé à essuyer des verres. Il était…indéniablement beau. Sûrement la trentaine, très bien fait de sa personne à première vue, des cheveux coiffés à la va-vite dans lesquels Alek’ aurait volontiers passé ses doigts pour leur donner un semblant d’ordre. Et son petit air concentré renforçait son charme certain. Pourquoi ce n’était jamais ce genre de type qui l’invitait à passer une nuit avec lui ?!
Alekseï, vaguement sous le charme, se souvint de la raison première de sa présence ici et s’avança de son pas naturellement feutré vers l’homme qui, lui semblait-il, ne l’avait toujours pas remarqué, ou alors, il l’ignorait avec un talent déconcertant…

_ Nh…Bonjour. J’ai vu qu’on cherchait des serveurs ici donc je me propose !

Il lui lança un grand sourire et s’accouda sur le comptoir avant de poser son menton entre ses mains, sa queue battant joyeusement l’air derrière lui tout en haussant un sourcil interrogateur.

_ Alors, je conviens ou pas ?

Bien évidemment, il n’avait pas la moindre expérience, mais il n’était pas maladroit. Et à défaut d’être réellement motivé pour le poste, il voulait vraiment gagner de l’argent. Et pour une fois qu’il n’avait pas à coucher avec qui que ce soit parce qu’il n’avait pas d’autre moyen de se faire de l’argent, il n’allait pas cracher dessus. Sans parler que l’homme qui lui faisait face était vraiment mignon et qu’il le mettrait bien volontiers dans son lit…

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Shinichi soupira doucement, essuyant machinalement des verres. On était un lundi matin, et la fatigue se faisait sentir ; Daisuke était reparti la veille au soir chez sa mère, le laissant exténué après un week-end passé à courir après ce petit monstre qui prenait un malin plaisir à sortir du champ de vision de son père à la moindre occasion. Il adorait son fils, mais décidément, lui courir après était loin d’être son activité préférée. Malheureusement, week-end épuisant ou pas, il était obligé d’ouvrir tôt son bar pour ses clients matinaux, l’empêchant de récupérer ses heures de sommeil. En plus, il avait toujours besoin d’au moins un serveur de plus… Il avait rapidement gagné en popularité et de plus en plus de clients venaient, pour son plus grand plaisir – mais il avait tout de même un peu de mal à tout gérer.

Il avait ouvert à la même heure que d’habitude, se levant difficilement et traversant à tâtons son appartement situé juste au dessus du bar, allant prendre une douche et grignotant un peu avant d’aller mettre sa cafetière en route et réceptionner les croissants de la boulangerie voisine. Ses clients étaient rapidement arrivés, et il avait discuté tout à fait normalement avec eux, solidifiant ainsi la réputation d’aimable serveur qu’il avait. Puis ils étaient tous partis travailler, comme à leur habitude.

Donc il était à nouveau seul pour le moment dans son bar, essuyant ses verres, habillé d’une chemise grise et d’un pantalon noir, un torchon négligemment posé sur son épaule, totalement concentré dans sa tâche. Il n’entendit donc pas l’autre s’approcher, jusqu’à ce qu’il signale sa présence.

« Nh…Bonjour. J’ai vu qu’on cherchait des serveurs ici donc je me propose ! »

Shinichi leva la tête, posant son regard bleu glacé sur l’individu qui venait de lui parler. Jeune, sûrement moins de vingt ans, des oreilles noires mobiles dominant une chevelure blanche… Des yeux entre rouge et mauve, également. Un très joli morceau, en réalité. Shinichi reposa devant lui le verre qu’il essuyait, daignant cesser son inspection pour regarder bien en face le gamin. Car oui, le garçon face à lui n’était qu’un gamin…

« Alors, je conviens ou pas ? »

Il haussa un sourcil. Ce n’était pas tout d’avoir une jolie gueule, il devrait aussi montrer qu’il était capable de faire ce travail. L’homme se frotta l’annulaire gauche, pensif, tic qu’il avait acquis à force de faire tourner son alliance autour de son doigt, alliance désormais disparue. Mais le tic était resté. Shinichi croisa les bras, s’appuyant sur le meuble derrière lui.

« Je n’en sais rien. T’as une jolie tête, mais es-tu capable de transporter un plateau rempli de choses fragiles sans le faire tomber ? De plus, je ne pense pas pouvoir t’embaucher sans l’accord de ton ou ta propriétaire, donc il va falloir que ce dernier vienne. En attendant… »

Shinichi se baissa un instant, ramassant une éponge et une petite poubelle qu’il colla dans les bras de l’hybride, un sourire sarcastique aux lèvres. Il avait besoin de main d’œuvre immédiatement, et le garçon face à lui tombait à point nommé. Si ça se trouve, c’était encore un Neko sans propriétaire… Il allait avoir des ennuis à force. C’est que bon, recueillir des hybrides libres, c’était bien sympa cinq minutes, mais question légalité, ce n’était pas top.

Le plus âgé fit le tour de son comptoir, allant s’occuper d’une moitié de la salle, passant méthodiquement sa propre éponge sur les tables, ramassant les miettes et toutes les petites saletés qui trainaient. C’était ça aussi, son travail… Nettoyer continuellement la salle, veiller à ce qu’elle reste propre et accueillante.

« C’est simple ; tu passes l’éponge et tu fais tomber les miettes et tout le reste dans la poubelle que j’t’ai donné. J’ai enlevé les tasses et le reste, donc t’as plus qu’à passer l’éponge. T’es capable de faire ça, non ? »

Sans plus s’en soucier, il continua sa tâche, très concentré. Ils allaient avoir une accalmie jusqu’à la fin de l’heure du déjeuner, heure à laquelle de nouveaux clients affluaient pour le café. La journée se déroulait donc ainsi, en tranche d’heures creuses et d’autres plus agitées. Mais ça ne le dérangeait pas ; entre chaque vague, il avait le temps de souffler un peu. Tout seul, c’était réellement dur de gérer tout ça…

« Tu t’en sors gamin ? »

[Désolée Quiche, j’ai fait du mieux que je peux ;^ ;]

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Alekseï ne pu empêcher le sourire qu’il avait sur lèvres de s’étaler un peu plus sur son visage au compliment. Il avait bien dit qu’il avait une jolie tête ! Bon, certes, en y réfléchissant bien, c’était un compliment qui n’engageait à rien. Un chien pouvait avoir une jolie tête, un bébé pouvait avoir une jolie tête, même un téléphone pouvait avoir une jolie tête avec un peu d’imagination… Mais Alek’, qui était de nature optimiste, prit ce compliment tel qu’il voulait l’entendre, à savoir, qu’il avait une chance de plaire au proprio – parce que ça ne pouvait être que le propriétaire de l’endroit. Et son sourire ne fit que s’accentuer par la suite, ne doutant pas un seul instant de ses capacités à transporter un plateau rempli de verres ou il ne savait trop quoi, sans rien casser. Après tout, il avait eu une éducation très stricte en Russie, et il était pratiquement sûr qu’il avait déjà dû avoir ce type d’exercice… Les Russes avaient une imagination déconcertante lorsqu’il s’agissait de faire travailler de pauvres êtres à des fins purement lucratives…
Seulement, la suite de la phrase n’était clairement pas à son avantage… Avoir l’accord de son maître… Très intéressant, mais quand on avait pas de maître, qu’est-ce qu’il fallait faire… ? Cependant, Alekseï parvint à maintenir son sourire en place – la force de l’habitude sans aucun doute – tout en réfléchissant aussi vite que possible à une raison valable pour laquelle son maître serait dans l’incapacité de se déplacer… Sérieusement, ne pouvait-il pas se fier à sa jolie tête et l’embaucher sans poser de questions, c’était trop demandé ? Alekseï ouvrit la bouche, prêt à sortir n’importe quelle excuse bidon qui lui passerait par la tête, mais heureusement pour lui, l’humain lui remit une éponge et ce qui semblait être une poubelle avant qu’il n’ait dit un mot.

Si le Neko le remercia mentalement pour l’avoir empêché, très certainement, de faire une boulette – raconter ce qui lui passait par la tête en cas d’urgence ne l’avait jamais vraiment aidé…- il regarda un peu bêtement ce qui lui avait été remis, ne voyant pas très bien ce qu’il était supposé faire de tout ça. Sûrement nettoyer quelque chose, mais il fallait lui dire quoi… Alekseï, tout aussi vif qu’il pouvait l’être devait bien avouer que question ménage, il n’assurait plus depuis très longtemps… Très très longtemps même. Mais visiblement, Alek’ avait beaucoup de chance aujourd’hui puisque le séduisant proprio eut la gentillesse de lui faire une petite démonstration de ce qu’il était censé faire. Nettoyer les tables avec l’éponge et faire tomber dans la poubelle tout ce qui n’avait pas à être sur la table. Une opération à la portée de tous pour faire simple. Rassuré de voir que la tâche qu’on attendait de lui était loin d’être irréalisable, Alekseï hocha joyeusement la tête en poussant un petit son d’approbation à la question avant de se mettre rapidement au travail. Tout en nettoyant avec soin les tables en un minimum de temps, l’albinos cherchait toujours une excuse pour son maître inexistant et un moyen de mettre ça sur le tapis, sans que ça ait l’air d’être, justement, une excuse. Pour faire court, il était plutôt mal barré…
Il étouffa un soupir et se concentra donc sur le nettoyage des tables puisqu’il n’arrivait pas à trouver une excuse potable. Avec un peu de chance, il aurait une idée lumineuse au moment opportun…

« Tu t’en sors gamin ? »

Alek’ réprima un sursaut, tiré brutalement de ses pensées, ayant presque oublié qu’il n’était pas tout seul. Il leva la tête en direction de l’humain et lui lança un sourire en peu grimaçant – le « gamin » passant plutôt mal…- tout en continuant sa besogne.

_ Alekseï… C’est mieux que « gamin ».

Et il avait fait l’effort de ne pas le grogner. Il faut dire qu’il ne voulait pas voir son futur gagne-pain lui passer sous le nez parce qu’il n’avait pas été assez malin pour faire preuve de tact et de bon sens…

_ J’ai l’habitude en fait. A la maison je fais souvent le ménage, donc je ne suis pas trop dépaysé.

Alekseï ne savait pas vraiment ce qu’il racontait, mais pour le moment, ça pouvait tenir debout. Et comme il faut savoir profiter de l’inspiration quand elle nous vient, le Neko enchaîna sans plus attendre, sans trop réfléchir non plus…

_ Mon maître est souvent en déplacement – il est représentant commercial je crois – du coup, la maison doit rester impeccable pour quand il revient…

C’est que son histoire pouvait réellement tenir la route en plus… Il n’était pas si rare que ça de voir des humains confier leur maison à leurs Neko lorsqu’ils partaient en vacances ou en déplacement. Du moins, il lui semblait…

_ Du coup, en ce moment, il n’est pas là. Il revient dans un mois, mais je suis sûr que ça ne le dérangerait pas de me voir travailler. Personne ne peut cracher sur un salaire supplémentaire vous savez…

Alekseï fit se petit sourire espiègle qui le caractérisait si bien, plutôt satisfait de son petit mensonge et termina de nettoyer la dernière table avant de s’approcher de l’homme aux cheveux cendrés, une moue incertaine au visage.

_ Alors, vous voulez bien me faire travailler pendant un mois et dès que mon maître rentre, je l’emmène ici, il vous donne son accord et je continue de travailler pour vous ? Ca vous va comme proposition ?

Il avait un mois pour trouver une nouvelle excuse, c’était loin d’être impossible… De toute manière, question excuse en tout genre, il était presque inépuisable… Et en un mois, il avait largement le temps d’imaginer la mort de son soi-disant maître ou bien sa disparition de la circulation ou n’importe quel autre scénario pour qu’il perde soudainement son maître. Enfin, en un mois, il avait de quoi monter une pièce digne de ce nom. En attendant, il fallait juste que l’autre accepte de l’embaucher et cesse de le voir comme un gamin. Il allait voir qu’il était loin d’être un gosse…

[Pourquoi tu t’excuses ?! =O Tu sais bien que, de toute façon, je suis totalement fan de comment tu écris et que je ne peux qu’aimer *-*]

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Ouais, le gamin avait une jolie tête… Dans le genre chaton de gouttière. Mais ça, il l’avait gardé pour lui ; quelque chose lui disait que le gosse devant lui n’aurait pas apprécié d’être traité de « chaton de gouttière », quoi qu’encore une fois, Shinichi devait reconnaître que les animaux de race, très peu pour lui. Pourtant, le « compliment » avait eu l’air de rendre totalement joyeux l’albinos devant lui vu son sourire. Sourire qui ne fit que s’agrandir alors que le plus vieux énonçait les tâches qu’il devrait faire s’il venait travailler – il ne doutait donc de rien ce petit ? L’adulte pouvait dire presque sans aucun doute que le garçon, vu sa posture, ferait sûrement tomber des verres si on lui laissant un plateau. Il lui parla rapidement de son propriétaire et de la présence requise de ce dernier. Shinichi ne lui laissa toutefois pas le temps de répliquer ; il avait besoin d’aide immédiatement, et il en profita donc pour fourrer entre les mains du garçon une éponge et une corbeille, lui montrant ensuite ce qu’il devait faire. C’était l’une des choses les plus basiques ; et même ce garçon qui avait l’air un peu… Stupide, devrait pouvoir rapidement comprendre comment s’y prendre pour ne pas en foutre partout par terre.

Il levait régulièrement la tête, vérifiant que l’hybride ne s’y prenait pas n’importe comment. Ca avait l’air d’aller. Il lui posa pourtant une question, le faisant sursauter. Ainsi, on pouvait aussi surprendre ces animaux là ? Intéressant. Il en avait rarement vu qui n’étaient pas constamment sur leurs gardes en étant sans leur propriétaire… Trop rarement pour que ça ne lui semble pas louche ; en général, les Nekos qui appartenaient à quelqu’un n’étaient pas aussi à l’aise quand ils n’étaient pas en présence de leur maître ou de leur maitresse. Il eut pourtant droit à un nouveau sourire – certes, très grimaçant, mais cela restait un sourire, avant que le garçon ne lui dise s’appeler Alekseï au lieu de « gamin ». Pourtant, il préférait gamin, parce qu’il marquait bien la différence entre eux, inconsciemment. Ce gosse restait un gosse.

« Si tu le dis… Gamin. »

Il marmonna un peu, pas trop fort – il pressentait que ce garçon serait capable de lui rabattre les oreilles avec ça – avant d’esquisser ce léger sourire en coin, un peu moqueur. Il l’appelait comme il voulait, d’abord. Non mais ; c’était lui l’humain ici ! S’il voulait appeler cet hybride gamin, il le ferait, que ça lui plaise ou non. Puis l’hybride reprit, disant qu’il était habitué et qu’il faisait souvent le ménage chez son maître. Et pourtant, il n’était pas convaincu le Shinichi – le gamin tenait son éponge d’une manière trop incertaine pour qu’il soit habitué à cette tâche. Il ne dit rien pourtant, l’écoutant toujours d’une oreille attentive pour ne pas se laisser berner par les mensonges que la jolie bouche persistait à raconter.

Il avait fini depuis un moment, regardant l’hybride s’activer à exécuter la tâche qu’il lui avait confié, un peu songeur en regardant ce joli derrière s’agiter… Mais ce n’était qu’un gosse. Le plus jeune se retourna vers lui, s’approchant ensuite avec une adorable moue sur le visage. Décidément, ces hybrides étaient tous plus charmants les uns que les autres…

« Alors, vous voulez bien me faire travailler pendant un mois et dès que mon maître rentre, je l’emmène ici, il vous donne son accord et je continue de travailler pour vous ? Ca vous va comme proposition ? »

Shinichi s’approcha de plus, son corps à quelques centimètres du sien. Il leva lentement la main, la posant sur le menton pâle de l’albinos, le forçant à relever la tête pour le regarder dans les yeux – un peu comme s’il allait l’embrasser. Sauf qu’il n’était pas encore pédo’ et qu’il ignorait totalement l’âge du garçon… Et qu’il n’avait pas envie de l’embrasser. Non mais.

« Je t’embauche… Si tu me dis la vérité. »

L’employé qu’il avait récemment engagé n’était pas non plus tout à fait net, mais au moins, il avait été parfaitement honnête avec lui et n’avait pas tenté de lui faire gober des bobards plus gros que lui. L’homme se détourna ensuite du garçon, repassant derrière son bar pour se sortir de quoi manger un peu – il n’avait eu que le temps de grignoter un peu avant d’ouvrir son établissement, et il avait désormais une occasion pour se sustenter, donc autant en profiter. Il se sortit un croissant et un pain au chocolat, allant se préparer également un café.

« Tu sais ce que je pense ? Je pense que tu vis à la rue, un peu au jour le jour et que tu veux ce travail pour avoir au moins de quoi te nourrir décemment. Je me trompe, gamin ? »

Il releva ses yeux glacés vers l’hybride, poussant vers lui le pain au chocolat posé dans une assiette.

« Allez, viens manger. »

Et sans autre forme de procès, il croqua dans son croissant. Non mais.

Invité

Alekseï, relativement fier de son petit mensonge était loin de se douter que l’humain n’avait pas cru une seule seconde à ce qu’il venait de débiter, si bien qu’il ne comprit vraiment pas quand celui-ci s’approcha – mais s’approcha vraiment – de lui et il ne chercha plus à comprendre quand il attrapa son menton pour lui faire lever la tête. Il devait avoir loupé un chapitre là… Il y a à peine quelques minutes il le traitait de gamin et là…il s’apprêtait à l’embrasser ?! Avait-il déjà dit à quel point les humains étaient incompréhensibles et compliqués… ? En tout cas, ce n’était pas lui qui allait s’en plaindre dans le cas présent ! Son nouveau fantasme s’apprêtait à l’embrasser et il devait se poser des questions sur le pourquoi du comment ? Trop peu pour lui… Enfin, si le pauvre Neko avait su que l’homme aux cheveux cendrés était loin de vouloir l’embrasser, sûrement qu’il ne se serait pas risquer à se surélever légèrement, les lèvres tendues en avant afin d’éviter une humiliation cuisante pour son estime personnelle… Car, effectivement, le plus âgé, au lieu de l’embrasser comme il l’avait pensé préféra lui reprocher son manque d’honnêteté… Alekseï s’était de nombreuses fois senti très bête, mais il était persuadé qu’aucune de ces nombreuses fois n’était aussi honteuse que ce qu’il venait de vivre à l’instant… Il n’était pas prêt de l’oublier celle-là.

Pour le moins… abasourdi par la tournure des événements, Alek’ eu bien du mal à cacher sa surprise et tenta de faire comme si rien ne s’était passé en retrouvant sa posture initiale, retenant difficilement un sourire désabusé. Il était réellement trop naïf pour son bien quelquefois… Il le regarda, la mine légèrement renfrognée, s’éloigner en direction du bar et sortir ce qui lui semblait être…des viennoiseries… Il oublia aussitôt sa récente humiliation – finalement, il s’en était remis assez facilement – et son regard se vrilla sur le pain au chocolat qui avait l’air réellement appétissant, surtout que son ventre avait décidé de lui rappeler de manière peu discrète qu’il n’avait eu droit qu’à une sucette en guise de petit-déjeuner… Seulement, Alekseï n’était pas déterminé à quémander quoi que ce soit à ce grossier personnage qui venait de lui mettre un vent phénoménal alors il détourna le regard et préféra recentrer son attention sur ce qu’il lui racontait.

« Tu sais ce que je pense ? Je pense que tu vis à la rue, un peu au jour le jour et que tu veux ce travail pour avoir au moins de quoi te nourrir décemment. Je me trompe, gamin ? »

Il était mal… Même très mal… Pourtant il savait qu’il n’aurait jamais dû venir ! Il avait flairé le piège à des kilomètres et il était malgré tout venu… Parfois, en plus d’être naïf, il était réellement stupide. Son attitude assurée s’effaça aussitôt et le Neko jeta un coup d’œil anxieux vers la porte qui, heureusement, ne semblait pas fermée. Rassuré par ce fait, l’albinos retrouva –presque – son calme et décida de rester jusqu’à ce que les choses se gâtent et là, il aviserait une nouvelle fois. Oui, il aimait flirter avec le danger le blondinet… Le Neko sortit de ses pensées en voyant le pain au chocolat – qu’il n’avait pas pu finalement quitter des yeux - se rapprocher de lui. Il leva son regard pourpre vers l’auteur de cet acte et son air s’assombrit à l’ordre. Alekseï ne supportait pas qu’on lui donne des ordres, même si c’était dans son intérêt. Surtout quand c’était dans son intérêt. Il s’approcha à son tour du comptoir et repoussa l’assiette vers l’humain avec diligence.

_ Je mange si j’ai envie.

Il ignora le côté enfant gâté de sa réplique et plissa les yeux. Cet humain avait beau être absolument à son goût, il était trop intelligent pour lui. En général, les gens se fiaient à son adorable tête et ne l’écoutaient que d’une oreille –ce qui expliquait pourquoi ils gobaient ses mensonges aussi facilement – mais là…

_ Et j’ai pas besoin de ce travail pour me nourrir correctement. Il me faut juste de l’argent. Et de quoi m’occuper.

Bon, il avait légèrement menti quand il disait qu’il mangeait correctement, mais il n’avait clairement pas à se plaindre. Il mangeait au minimum deux fois par jour et en cas de petites faim, il avait toujours ses sucreries… Et il était plutôt doué pour attirer la pitié des gens… Alors non, il n’avait pas besoin de travailler pour manger. Par contre, pour occuper son temps, travailler lui semblait être l’idéal. Parce que traîner dans les rues, c’était amusant les six premiers mois, mais une fois qu’on avait fait le tour de la ville, il ne restait plus grand-chose à faire, et il n’était pas suffisamment courageux pour quitter le secteur. Quoique ça pourrait être une option…

_ Tu… vous vous trompez. Je ne vis pas à la rue. Disons que je suis plus un Neko sans maître fixe…

Alekseï eut un petit sourire amusé, bêtement fier de sa petite blague. N’empêche que c’est ce qu’il était réellement, un Neko sans maître fixe… Depuis qu’il avait atterri dans cette ville, il n’avait dormi en tout et pour tout que trois fois dehors. Et c’était au tout début.

_ Et de toute façon, qu’est-ce que ça peut vous faire, nh ? Vous ne voulez pas avoir de problème ? Pas de soucis, je peux trouver sans problème quelqu’un qui accepterait de jouer le rôle de mon maître si jamais vous êtes contrôlé.

Il avait même déjà une idée de ladite personne qui pourrait jouer son maître : le brun de cette nuit. Certes, il était carrément collant, mais au moins, il était gentil et semblait être totalement sous son charme, c’était toujours ça de pris…

_ Enfin, si vous n’êtes toujours pas intéressé, tant pis, je trouverai autre chose. Ce n’est pas comme si j’avais vraiment besoin de ce travail…

Il avait épuisé toutes ses cartes et pour être franc, il ne se sentait pas d’humeur à argumenter plus longtemps, surtout avec ce délicieux pain au chocolat sous son nez… Et il avait beau essayer de se convaincre qu’il était empoisonné, rien à faire, il n’y croyait pas. Il espérait juste que son ton dépité avait été masqué par sa fausse désinvolture parce qu’il avait suffisamment attiré la pitié sur sa petite personne pour le moment. Déjà avec ce presque baiser imaginé… Il avait largement eu son compte. Comme il n’obtenait toujours pas de réponse et que l’humain restait toujours aussi impassible, Alek’ comprit qu’il n’aurait pas le travail et soupira avant de se détourner dans l’optique de sortir du bar. Mais inconsciemment, il marchait lentement, entretenant l’espoir fou que le cendré le rattraperait malgré tout. Il était naïf après tout…

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Bon. Certes, il s’était montré condescendant avec le garçon, et intérieurement, il avait presque rit de le voir tendre les lèvres pour avoir un baiser. Non mais… Il faisait sérieusement penser à quelqu’un qui embrasserait n’importe qui ? Il avait dû le toucher dans son estime personnelle, au vu de la tête quasi-dépitée à laquelle il eut droit alors qu’il ne le rabrouait pas trop méchamment pour ses mensonges. Il pensait vraiment qu’il allait gober de telles bêtises ? Au moins, l’employé qu’il avait engagé dernièrement avait été totalement honnête envers lui – raison pour laquelle il l’avait laissé s’installer dans l’arrière boutique. Shinichi se dirigea ensuite vers son bar, en sortant des viennoiseries et en poussant une vers le garçon. Garçon qui avait l’air plus nerveux qu’autre chose désormais, tendant un regard presque effarouché vers la porte de l’établissement.

Le garçon s’approcha ensuite, venant ensuite repousser le pain au chocolat. Etrange, il aurait pu jurer que quelques secondes avant, il le regardait presque comme si c’était une nouvelle merveilleuse ; avant d’asséner une réflexion de gamin. Oh, l’hybride avait du mal avec l’autorité… Tant mieux si le travail ne lui convenait pas – Shinichi avait horreur qu’on discute ses ordres. Il avait du embobiner beaucoup de gens avec son adorable bouille – qui donnerait bien des idées pas nettes à l’humain s’il laissait un côté plus pervers de sa personnalité parler ; après tout, il avait toujours adoré les personnes… Mignonnes. Ce qui expliquait son mariage raté avec une fille aussi belle qu’une poupée et aussi fidèle qu’un jouet.

L’hybride expliqua ensuite qu’il avait besoin d’argent, et de quoi s’occuper, qu’il se trompait et qu’il ne vivait pas à la rue. Qu’il était un Neko « sans maître fixe ». Un peu une marie-couche-toi-là, en gros ; il avait tout à fait le type d’aller dormir une nuit chez quelqu’un en échange de n’importe quoi… Ce que ça lui faisait ? Et le garçon continuait, lui débitant un nombre de bêtises de plus en plus impressionnants. Il ne lui semblait pas que le garçon, Alekseï, soit quelqu’un de réfléchi. Au contraire… Il lui semblait même stupide par certains côtés. Shinichi soupira, frottant son doigt contre son annulaire et prit la parole.

« Gamin. Ecoute-moi bien. J’ai déjà un employé ici, mais un second ne serait pas de refus. Je ne suis pas du tout contre le fait de t’engager, mais tu me sembles bien trop irresponsable pour travailler. Regarde-toi : déjà, tu ne supportes pas qu’on te donne d’ordre, je me trompe ? Donc à cela s’ajoute ma question : tu te prends pour quoi, au juste ? Es-tu conscient que si on te trouve seul dans la rue, tu finiras à la fourrière ? Surtout qu’avec le caractère qui semble être le tien, ça ne m’étonnerait pas qu’ils t’envoient au laboratoire directement. Ensuite, le problème du logement. Il est hors de question que je prenne comme employé une personne qui ne sait pas où elle va dormir, ou même qui vend ses services pour avoir de quoi se loger. Troisièmement, les mensonges. Judikaël, l’autre employé, a au moins eu la décence de ne pas me mentir. Donc on va mettre les choses au point : J’ai besoin d’un employé, tu as besoin de ce travail, quoi que tu en dises. Alors je vais t’employer, mais toi tu vas apprendre à obéir sans râler. »

Il s’était levé pendant qu’il lui parlait, venant se poster juste devant lui pour l’empêcher de partir, le toisant sans douceur dans son regard glacé. Puis il posa sa main sur les cheveux du garçon plus petit que lui, les effleurant légèrement avant de pousser une des oreilles mobiles du bout des doigts, les sourcils froncés. De quoi, son attitude était bizarre ? Il faisait ce qu’il voulait chez lui, d’abord. Puis il soupira, enlevant sa main. Il ne l’avouerait pas, mais ça l’avait intrigué de voir ces oreilles noires sur ces cheveux blancs. Le gamin… Lui faisait pitié, au final. Un peu. Il lui semblait que personne n’avait jamais été réellement ferme avec le garçon, et que désormais, il faisait un peu ce qu’il voulait… Et ça, ça agaçait Shinichi, qui, si le garçon devenait son employé, était bien décidé à lui apprendre à obéir. Surtout si ça concernait son bar.

« Donc tu vas arrêter de jouer au gamin gâté, compris ? Ici, c’est mes règles qu’on applique. Si je te demande de faire quelque chose, tu le fais, que ça te plaise ou non. »

Après tout, même Judikaël avait – un peu – surmonté son horreur des filles pour en servir quelques unes sans faire de grabuge. Le garçon n’était sûrement pas assez stupide pour laisser passer une pareille chance… Et puis, il était bien le seul à employer des hybrides dans son établissement. Et des hybrides sans propriétaires en plus… Parce qu’un autre se serait sûrement contenté de les mettre à la porte dans le meilleur des cas, ou d’appeler la fourrière dans le pire.

[J’peux taper Aleks’ ? °0°]

Invité

Alekseï s’imaginait déjà quitter la ville pour errer vers d’autres horizons où les Neko comme lui seraient considérer comme des êtres humains à part entière et non pas comme sous-hommes bons à être réduits en esclavage. D’accord, il savait pertinemment qu’il rêvait éveillé mais rien ne l’empêchait d’espérer une vie meilleure. Après tout, si ici un homme était prêt à employer des Neko, il devait sûrement y en avoir d’autres autre part, peut-être pas aussi mignons, certes, mais Aleck’ n’était pas réellement pointilleux à ce sujet. Tout ce qu’il demandait lui, c’était un minimum de considération pour sa personne. Rien de plus. Tout en se dirigeant vers la sortie il programmait sa future « expédition ». premièrement, il retournerait chez le brun de cette nuit pour lui soutirer un peu d’argent et avaler un truc parce que la vision du pain au chocolat gracieusement proposé avait mis son estomac à rude épreuve. Ensuite, il irait acheter une casquette pour cacher ses oreilles et rangerait sa queue dans son pantalon afin de parfaire sa panoplie du parfait petit humain. Et pour terminer… il aviserait au moment opportun sa destination finale.

C’était une décision totalement prise sur un coup de tête, mais cette rencontre –et ce rejet un peu trop brusque au goût de son ego – lui avait donné envie de se bouger un peu et de voir du pays. C’était tout de même étonnant qu’après autant de temps il n’ait jamais envisagé une seule fois la possibilité de quitter la ville… Et s’il devait être franc envers lui-même, il avait un peu peur à présent que le cendré le dénonce à la fourrière comme il ne lui était plus d’aucune utilité à présent. Les humains étaient comme ça : tant que les choses leurs servaient, ils les gardaient même si ce n’était pas toujours très légal, mais dès qu’ils n’en avaient plus besoin, ils s’en débarrassaient sans le moindre scrupule. Bon, d’accord, les Neko étaient pareils dans une moindre mesure… Mais cela montrait donc à quel point les humains et les Neko étaient semblables !

Un peu perdu dans son raisonnement, Alekseï ne remarqua pas vraiment qu’il n’était toujours pas sorti du bar – de toute manière, il en était plus ou moins conscient puisqu’il gardait toujours l’espoir que…- si bien qu’il dû contrôler un sursaut de surprise lorsque l’humain prit la parole. Surprise qui se transforma rapidement en soulagement quand il lui dit qu’il y avait peut-être une chance qu’il l’engage. Alekseï évita d’effectuer sa petite danse de la victoire – il le prenait déjà pour un gamin il n’allait donc pas lui donner raison aussi facilement – et se contenta d’un petit sourire satisfait. Même si la suite ne lui plut pas plus que ça. Effectivement, il n’appréciait pas énormément qu’on mette aussi directement le doigt sur sa gaminerie… Qu’est-ce qu’il y pouvait lui s’il était de nature malicieuse… ? Alors, comme la plupart du temps quand on lui disait quelque chose qu’il ne voulait pas entendre, Alek’ laissa son regard divaguer et son attention fut attirée par un mouvement que l’autre avait plusieurs fois depuis qu’il était entré dans la pièce : de temps à autre, il tripotait son annulaire gauche. Le Neko avait remarqué que bon nombre d’hommes mariés avaient ce tic, mais ce qui était étrange, c’est que l’humain dans le cas présent n’avait pas d’alliance… L’albinos nota ce détail dans un coin de sa mémoire, se promettant d’y réfléchir plus tard, mais pour le moment, autre chose attirait son attention. Le cendré s’était levé sans arrêter de parler – Alekseï n’écoutait que d’une oreille depuis longtemps, il avait juste clairement compris qu’il y avait un autre Neko ici, et étrangement, cette idée ne lui plaisait pas plus que ça – et s’approchait de lui. Et l’albinos n’était pas particulièrement à l’aise avec ce rapprochement… S’il décidait de l’attraper afin de le remettre aux services de fourrières, avec sa carrure fort peu impressionnante, il aurait bien du mal à s’en défaire… Sa queue commença à s’agiter lentement de gauche à droite, traduisant sa méfiance au fur et à mesure qu’il s’approchait. Il avait presque envie de s’enfuir sans demander son reste de peur de se faire piéger, mais il ne bougeait pas, trop curieux pour son bien. Et quelque chose lui disait qu’il n’avait pas à craindre le regard glacé posé sur lui - même s’il faisait moyennement confiance à ce quelque chose puisque ce quelque chose lui avait aussi dit un jour qu’il pouvait faire confiance à Matveï…

Le corps de l’albinos se tendit de manière perceptible lorsque la main entra en contact avec ses oreilles. Il ne supportait pas qu’on lui touche les oreilles… A vrai dire, il adorait ça. Ses oreilles étaient une zone très sensible de son anatomie, si bien que ça ne le dérangeait pas qu’on y touche quand il connaissait bien la personne, mais sinon, non. C’était relativement très désagréable d’être obligé de se retenir de ronronner pour ne pas donner l’impression à l’autre qu’il était un gentil petit chat qui profitait joyeusement des caresses qu’il daignait lui donner. De plus, quand on touchait à ses oreilles, il avait bien du mal à ne pas encourager la personne à continuer et il n’aimait pas particulièrement se forcer à repousser les caresses, donc, le mieux était qu’on ne touche pas à ses oreilles. Logique. Et là, s’il voulait avoir un minimum de crédibilité, il n’avait pas le choix, il devait rester stoïque et ne pas trop penser au côté étrange de la situation. Cet humain était décidemment trop ambiguë à son goût : d’abord il se rapprochait de lui et lui levait le menton comme s’il voulait l’embrasser et en fait non et maintenant, il lui tripotait les oreilles… Et lui était censé attendre gentiment que les choses se passent sans rien dire ? Enfin, avec la chance qu’il avait, l’humain était juste très tactile et il ne l’intéressait en aucun point et il se faisait simplement des idées… Enfin, heureusement pour sa santé mentale, le plus âgé retira rapidement sa main et à chaque fois dans ce genre de situation, Alekseï se sentait aussi rassuré que frustré.

Et alors qu’Alekseï ouvrait la bouche pour dire…quelque chose – sûrement le premier truc stupide qui lui était passé par la tête : il n’aimait pas le silence – l’autre reprit la parole, remettant une nouvelle fois à la surface son immaturité certaine. Ses oreilles s’abaissèrent en arrière, traduisant son agacement certain, mais il se mordit la langue pour éviter de sortir une de ses répliques typiquement gamines qui ne feraient que l’enfoncer un peu plus. Il en avait légèrement marre qu’il n’arrête pas de lui reprocher son côté enfant gâté, depuis le départ il le prenait pour un gamin, alors, lui agissait en conséquence. Après tout, il était tout de même un Neko qui avait été formé pour satisfaire les besoins des humains, ce n’était pas de sa faute si ça laissait des traces… Comment ça son excuse était pour le moins bidon ?

_ Eh ! Je sais obéir quand il le faut. Je ne suis pas totalement stupide – même si je sais que tu le penses – et je pense pouvoir faire des efforts si c’est pour le travail. Je serais vraiment bête de passer à côté de ça… Mais je ne suis pas un robot qui fait tout ce qu’on lui ordonne tout le temps contrairement à ce que pense les gens de ton espèce… Donc pour le travail, j’obéis sans poser de question et sans rechigner, mais en dehors du travail, je reste de libre d’obéir si j’ai envie ou pas. Et en contrepartie, j’arrête les mensonges, enfin, j’arrête de te mentir à toi.

Alekseï croisa les bras et fixa l’autre de manière impérieuse malgré le fait qu’il soit « légèrement » plus petit. Il n’était certainement pas en position d’établir ses conditions, mais il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas garder ce travail longtemps s’il n’essayait pas de négocier un minimum certaines petites choses, et s’il pouvait éviter que tout ça se termine dans un bain de sang – son sang à lui probablement – il le ferait. Au pire, l’autre refuserait, et il partirait. Après tout, il avait déjà un plan génial en tête… L’albinos ne s’était même pas rendu compte du tutoiement, à vrai dire, il avait la fâcheuse manie de tutoyer tout le monde… Il avait d’ailleurs hérité de nombreuses cicatrices à cause de ça, mais rien à faire, il ne retenait pas la leçon… Après tout, les gens le tutoyaient lui…

_ Et je suis trop malin pour aller à la fourrière. Sauf si tu décides de me dénoncer bien sûr… De toute manière, j’arriverais à sortir, les gens se laissent facilement bernés par un gamin tel que moi - ‘fin, pas toi, forcément…-, il marmonna plus qu’autre chose la dernière partie avant de reprendre plus fort, en changeant totalement de sujet. Et je tiens à préciser que je ne vends pas mes services. Je suis juste…une sorte de Don Juan ? Après, ce n’est pas de ma faute si les gens décident de me garder pour la nuit. Et puis, c’est impossible de trouver un logement quand on est un Neko de toute manière. Sans maître, on a accès à – presque – rien. Mais si t’as quelque chose à me proposer, je ne suis pas contre, bien au contraire…

Le Neko soupira et passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant un peu plus avant de reprendre plus posément.

_ Alors, t’es toujours d’accord pour m’embaucher ? Je te promets que tu ne le regretteras pas. Je suis peut-être légèrement gamin sur les bords, mais au moins, j’apprends vite.

Bon, tout ça ne réglait pas le problème de logement, mais au moins, pour une fois depuis qu’il avait posé les pieds dans cet endroit, il avait été on ne peut plus franc. C’était déjà ça de gagné, non ? Mais, brutalement, Alekseï écarquilla les yeux d’horreur en s’apercevant qu’il avait perdu à un moment donné l’utilisation du vouvoiement, ça par contre, c’était très mauvais pour lui… Il eut un flash d’un camion de fourrière venant le chercher pour couronner le tout, si bien qu’il s’exclama avec empressement.

_ Je suis désolé ! Je ne voulais pas vous tutoyer ! Je…c’est venu comme ça, j’ai pas réfléchi !

Sa queue tapait à présent nerveusement le sol et il fit une petite courbette, espérant que ça suffirait à se faire pardonner. Si jamais cette petite erreur foirait tout et le menait droit à la fourrière, il pourrait réellement penser que le destin avait une sacré dent contre lui…

[Tu peux le frapper uniquement si t’abîmes pas son adorable petite bouille ! x)]

Invité

Shinichi se tenait debout, droit et passablement agacé, face à cet hybride si insolent, le toisant de son regard glacé. Il vit le sourire satisfait du garçon, le jugeant bien trop sûr de lui à son goût. Certes, les hybrides pouvaient avoir un certain caractère, plus marqué chez quelques uns d’entre eux – mais rien qui ne l’autorise à lui parler ainsi. De plus, le gamin avait l’air très… In-intéressé par ce qu’il disait. Où avait-il pêché l’idée d’employer un tel idiot pour son bar ?! C’était bien la plus mauvaise qu’il avait jamais eu. Mais… Il ne pouvait décidément pas le laisser repartir comme ça. Et puis, il avait besoin d’un foutu employé ! Il lui tripota les oreilles, curieux, se lassant ensuite vite de cela. Puis il se tut, finalement, ayant dit tout ce qu’il désirait dire… Pour l’instant.

« Eh ! Je sais obéir quand il le faut. Je ne suis pas totalement stupide – même si je sais que tu le penses – et je pense pouvoir faire des efforts si c’est pour le travail. Je serais vraiment bête de passer à côté de ça… Mais je ne suis pas un robot qui fait tout ce qu’on lui ordonne tout le temps contrairement à ce que pensent les gens de ton espèce… Donc pour le travail, j’obéis sans poser de question et sans rechigner, mais en dehors du travail, je reste libre d’obéir si j’ai envie ou pas. Et en contrepartie, j’arrête les mensonges, enfin, j’arrête de te mentir à toi. »

Hum… Oui. Il le croyait totalement stupide, à vrai dire. Et le garçon ne faisait absolument rien pour le détromper… Enfin, s’il promettait de faire ce qu’on lui demandait au travail, ce serait bon. Il allait y songer ; mais le plus gros problème restait le logement. Il ne pouvait décemment pas employer un hybride qui n’avait pas de logement fixe…

« Et je suis trop malin pour aller à la fourrière. Sauf si tu décides de me dénoncer bien sûr… De toute manière, j’arriverais à sortir, les gens se laissent facilement bernés par un gamin tel que moi - ‘fin, pas toi, forcément…-, eh oui, pauvre petit hybride – Shinichi avait entendu trop de mensonges pour se laisser berner. Et je tiens à préciser que je ne vends pas mes services. Je suis juste…une sorte de Don Juan ? Après, ce n’est pas de ma faute si les gens décident de me garder pour la nuit. Et puis, c’est impossible de trouver un logement quand on est un Neko de toute manière. Sans maître, on a accès à – presque – rien. Mais si t’as quelque chose à me proposer, je ne suis pas contre, bien au contraire… »

Shinichi soupira, doucement. Il avait déjà Judikaël qui logeait dans l’arrière boutique… Accueillir un second hybride serait compliqué. Surtout qu’il avait son fils, le week-end… Bah, ils s’arrangeraient. Et tant pis si l’hybride ronchonnait, à dormir sur le canapé. Il était toujours en train de réfléchir quand le garçon reprit la parole. Il ignorait s’il était franc… Mais il allait lui faire un peu confiance – après tout, il avait toujours été plus ou moins doué pour forcer les gens à ne plus lui mentir. Pourquoi le garçon continuerait ? Il avait bien plus à perdre à lui mentir qu’à lui dire la vérité. Il s’apprêta à répondre quand le garçon s’exclama, l’air tout penaud et presque terrifié.

« Je suis désolé ! Je ne voulais pas vous tutoyer ! Je…c’est venu comme ça, j’ai pas réfléchi ! »

Shinichi soupira, tendant la main pour tapoter légèrement le crâne du garçon. Il ramena ensuite sa main à lui, posant ses doigts au creux des reins du jeune homme après avoir fait le tour de son corps, allant le pousser doucement vers l’arrière boutique.

« Pas grave. Tant que tu gardes en tête que j’suis ton patron, ça ira. J’t’engage donc. Pour le logement… Tu dormiras dans ma chambre d’ami, les travaux y sont finis et j’ai déjà un locataire dans l’arrière-boutique. Il sera ton collègue, donc j’ose espérer qu’aucune d’entre vous ne fera de bazar. Bref. Pour l’instant, on va aller dans les vestiaires pour te trouver de quoi t’habiller plus… décemment, pour servir les clients. »

Il l’abandonna un instant au milieu de la pièce, allant fermer provisoirement l’entrée en installant le panneau « Réouverture dans quelques minutes » avant de revenir vers l’hybride pour à nouveau l’entrainer vers le bar, poussant la porte et l’invitant à avancer encore pour se diriger vers les vestiaires. Il referma la porte derrière eux, allant fouiller dans une pile pour sortir un pantalon noir et une chemise blanche, sobres. Il avait pris la taille au jugé, donc… Enfin. Il lui sourit, presque doux cette fois.

« Habille-toi. Tu commences aujourd’hui, comme Judikael n’est pas là. Tu sais lire, écrire et compter ? »

Peut-être devrait-il apprendre tout ça à celui-ci également… Il espérait que non. Un seul dans ce genre lui était suffisant – mais Judikael lui était diablement utile, en vérité. Il n’avait pour l’instant rien cassé, servait les clients – et même les clientes – avec un sourire – certes forcé parfois, mais bon – et était efficace. Mais le bar prenait de l’importance et les rushs étaient de plus en plus courants. De plus, si lui ne rechignait pas à faire des heures supplémentaires, il ne voulait pas faire travailler l’hybride aux cheveux noirs autant que lui.

[C'est vraiment... Désolée. Je me rattraperais au prochain... Tant de temps pour juste ça... ><]

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