L’appartement de Yorgen est au dernier étage d’un immeuble situé dans une rue tranquille. Le bâtiment est plutôt ancien, à demi vétuste, et l’ascenseur est en panne. Seule la moitié des appartements sont occupés.
Le charme de l’immeuble vient d’un jardin intérieur certes un peu sauvage dont les 7 ou 8 arbres sont un refuge d’oiseaux en tout genre, très frais en été et odorant en toute saison. Un grand bassin est amoureusement entretenu et peuplé de carpes et de nénuphars par Madame Gibuko, la propriétaire de l’immeuble, une vieille femme acariâtre qui s’adoucie néanmoins dans ce petit paradis de verdure, et permet à ses locataires de venir s’y asseoir et déjeuner .
Après avoir gravis six étages d‘escalier en vieux marbre usé, on arrive devant une lourde porte en bois, à l’épreuve de la plupart des cambrioleurs, qui s’ouvre sur l’appartement de Yorgen, un deux- pièces lumineux et bien orienté sud-est.
L’entrée donne directement sur un grand salon meublé sobrement de coussins écrus, d’une petite table basse en bois brut, et d’un immense canapé .Des petits pots de serpolet, thym, menthe, basilic et coriandre ornent la table, quelques lampions au mur, mais pas de télé, d’ordinateur, de livres ou de magazines
En enfilade du salon, à gauche, la chambre très martiale de Yorgen. Des tatamis au sol, une grande couette de plume et un matelas léger qu’il peut aisément replier sur le coté, une toute petite table en bois laqué noir. Et là aussi quelques pots d’herbes odorantes.
En face du lit est encadré un Haïku composé et calligraphié par le maitre Kazama Chikage.
furu ike ya kawazu tobikomu mizu no oto
[La vieille mare, une grenouille qui saute, le bruit de l'eau...]Au milieu de la chambre une chaine courte et épaisse, solidement fixée au plafond et se terminant par un gros mousqueton, pend à mi-hauteur de la pièce comme un détail incongru.
Face à la fenêtre, des portes coulissantes discrètes ouvrent sur sa penderie. Des vêtements en matières naturelles, lin, coton, soie ou cuir, tous de très bonne qualité, y côtoient ses affaires de sport et son sac de frappe.
Yorgen y a aménagé en secret une double cloison, ouvrant sur une cache de toute la largeur de la pièce et de 2 mètres . Ce cagibi dérobé lui sert à cacher son matériel de cambrioleur, ses matraques, poing américain, taser ect…et bien sur son butin. Il y a aussi bricolé une trappe qui lui permet d’accéder aux sous pentes de l’immeuble, et de là au toit.
Une petite porte coulissante elle aussi ouvre sur une salle d’eau minimaliste, avec une grande douche au raz du sol, toute pavée de pierre naturelle gris bleutée. Très propre comme le reste de l’appartement, peu de produits mais tous bien trop couteux pour le salaire d’agent de sécurité qu’est Yorgen.
Sur la droite du salon une arche ouvre sur une petite cuisine avec de grandes fenêtres d’où pénètre le soleil dans la matinée, pour illuminer tout l’appartement le midi.
On y trouve des boites de thés rares et corsés, de nombreux aromates, épices, fruits, graines et légumes en tout genre et toujours du poisson frais. Aucun produit manufacturé, ni de sucrerie, de congelé ou de conserve. Ne recevant personne, Yorgen n’a pas beaucoup de vaisselle, une théière en terre, un wok, un petit cuiseur vapeur, quelques couverts et bols.
Pas de four non plus, juste deux plaques de cuisson