Commencement d'une nouvelle vie (PV Saïtsuke Oiji) [Terminé]

Myla était tellement malheureuse... Tout était si triste... Elle détestait cette animalerie et surtout ses humains qui faisaient semblant de s'intéresser à elle, de vouloir l'adopter et de déjà de l'aimer mais qui, au final, partaient sans elle, sans un regard en arrière. Bandes d'hypocrites ! Tous les humains sont hypocrites ! Et pourtant, elle n'avait besoin que de l'un d'eux pour sortir de sa cage et quitter à jamais cette animalerie.
Sa cage était de petite taille : en hauteur, elle pouvait tout juste se tenir assise et en largeur, elle pouvait à peine s'étendre de tout son long. Tous les murs étaient opaques et en béton. Une grande vitre en plastique permettait à tout client de la voir. Elle n'avait aucune intimité.

"Je ne suis pas un vulgaire chien ou chat... Je suis quand-même à moitié humaine, à moitié comme eux ! Et pourtant, même un chien ou un chat serait mieux traité que moi. Hypocrites ! Bande d'hypocrites ! Je vous déteste tous ! Vous, les humains, mériteriez d'être à notre place ! Vous comprendriez ce que nous ressentons !"

Myla ne cessait de ruminer sa rage en pensée. Personne ne pouvait l'entendre. Elle savait que dans les cages d'à-côté, il y avait d'autre neko qui, comme elle, attendaient un humain pour les sortir de là. Elle ne pouvait ni les voir ni les entendre mais elle sentait leur présence. Elle compatissait à leur souffrance. Mais dès qu'un humain entrait dans l'animalerie, c'était une vraie compétition. Il fallait être le neko à adopter, celui qui est mieux que les autres du point de vue de la santé, de l'aspect physique, de l'état mental... Et cet esprit de compétition, c'était bien cela le pire. Myla se sentait très proche et très amie avec ses voisins de cage même si elle ne leur avait jamais parlé et ne les avait jamais vus. Mais cette amitié disparaissait dès qu'un humain apparaissait. C'était vraiment dommage, qu'une amitié entre neko disparaisse à cause d'un humain.

"Fourbes ! Non seulement vous nous privez de liberté et de contact avec nos semblables, mais en plus, vous nous poussez à nous considérer comme des rivaux. Comme si nous avions bien besoin de cela en ce moment ! Comme si nous n'avions pas déjà l'impression que tous les malheurs du monde s'abattent sur nous !"

Le bruit de la clochette à l'entrée lui fit interrompre ses pensées haineuses et dresser une oreille. Son regard se posa presque immédiatement sur le visiteur. Encore un humain... Elle se coiffa du mieux qu'elle pouvait avec ses doigts et retira rapidement les copeaux de bois de sa tenue et de ses cheveux. Elle se pinça les joues pour se donner un peu de couleur dans le but d'avoir l'air en bonne santé et ouvrit grand les yeux, l'air attentive.
Il ne restait plus qu'à espérer que l'humain la remarque.

Oiji avait bien réfléchi. Il frissonna une fois de plus cette idée. Il détestait les neko mais il n'avait pas le choix : il devait en adopter un. Ne serait-ce que pour s'occuper de son manoir. Il n'allais tout de même pas faire le ménage lui-même chez lui ! La femme de chambre qu'il employait n'était pas à son service. Il devait donc la payer régulièrement. S'il voulait faire des économies, il avait tout intérêt à s'acheter un neko même s'il détestait cette idée.
Vivre dans la même demeure qu'un neko le répugnait. Il détestait ces créatures. En fait, il détestait à peu près tous les êtres vivants. Il avait toujours préféré la solitude.
Oiji partit le plus tôt possible vers l'animalerie : plus il partait tôt, moins il risquait de croiser du monde et donc, moins il avait de chances de devoir parler à quelqu'un. Oiji n'était pas du genre à parler beaucoup d'ordinaire mais aujourd'hui, il l'était encore moins. Il n'avait pas le choix, il avait besoin d'un neko et cette idée le mettait de très mauvaise humeur. De plus, il serait obligé de parler ne serait-ce qu'à l'employé. Il soupira. Ce n'était pas comme s'il avait le choix.
L'humain souffla un grand coup avant de pousser la porte de l'animalerie. Un tintement de clochettes se fit entendre. Il remarqua qu'à ce bruit, tous les neko avaient relevé la tête et le regardaient avec espoir.

"Quelle pitié", pensa-t-il avec mépris avant de saluer d'un signe de tête l'employé qui se tenait derrière la caisse.

Myla attendait. Elle pouvait faire que cela et cela l'énervait. Elle voulait temps pouvoir faire quelque chose pour qu'il la choisisse et qu'il la sorte de cette animalerie qu'elle détestait tant.
L'humain commença à regarder les neko mais son regard était étrangement vide. D'habitude, les humains semblaient plus éveillés lorsqu'ils choisissaient un neko. Il pinça les lèvres en une moue de dégoût. Myla se recroquevilla instinctivement sur elle-même. Elle ne voulait plus sortir de sa cage, elle préférait largement rester enfermée dans l'animalerie plutôt que de partager sa vie avec cet être.
L'employé s'approcha du client et lui dit quelques mots. Myla n'était pas douée pour lire sur les lèvres. L'humain sembla hésiter un instant puis, répondit à l'employé qui se rapprocha des cages, un large sourire aux lèvres. Le sourire que l'on a lorsqu'on est certain de gagner beaucoup. Myla avait vu ce sourire maintes et maintes fois chez l'employé. Lorsqu'elle voyait ce sourire, elle se sentait réduite au rôle de marchandise.
L'humain semblait perdre patience. Il la pointa finalement du doigt lorsque l'employé passa devant elle.
Myla était effrayée.

"Non, pas lui ! Surtout pas lui ! Pitié ! Je préfèrerais encore rester ici plutôt que vivre avec un être si détestable !"

Oiji commença à regarder les neko sans vraiment être intéressé. Il était surtout dégoûté à l'idée de devoir partager sa vie avec l'un d'eux.

- Je peux vous aider ?

Oiji se retourna et fit face à l'employé. Il hésita un instant entre profiter de l'aide qu'il lui offrait et le renvoyer à sa caisse avec quelques paroles blessantes. Finalement, il accepta l'aide de l'employé même s'il aurait bien aimé le ridiculiser.

- Je cherche un neko obéissant, qui ne parle pas beaucoup et qui résiste à la fatigue.

À ces mots, l'employé passa devant chaque cage et s'arrêta devant chacune d'elles en faisant un petit discours sur le caractère et la vie passée de chaque neko. Oiji était exaspéré.

"J'aurais mieux fait de le renvoyer à sa caisse", regretta-t-il aussitôt en pensées.

L'employé venait à peine de passer à la quatrième cage lorsque Oiji se décida à l'interrompre. Il pointa du doigt cette quatrième cage.

- C'est celui-ci que je prendrai.

L'employé fit un signe de tête et indiqua le montant à payer. Une fois le payement effectué, l'employé ouvrit la cage de la neko qui s'y trouvait. Oiji la regarda à peine.

- Suis-moi !

Ce furent les seuls mots qu'Oiji adressa à la neko. Ensuite, il sortit de l'animalerie.

Myla vit l'humain payer l'employé. Ensuite, celui-ci s'approcha à nouveau de sa cage et en ouvrit le verrou. Pourtant, elle ne sortit pas. Elle était effrayée par cet humain. Celui-ci la regardait à peine. Il ne lui adressa que deux mots d'une voix glaciale.

- Suis-moi !

Myla n'avait pas vraiment le choix. L'humain de l'attendit pas pour sortir. La neko sortir en courant pour rattraper son nouveau maître.

"Rustre ! Vous pourriez au moins m'attendre ! Êtes-vous donc si pressé ? Vous avez besoin de moi, je vous rappelle ! Vous m'avez achetée !"

La neko n'osait pas tutoyer son maître, pas même en pensée. Elle n'osait pas non plus lui adresser la parole. Une fois qu'elle l'eut rattrapé, elle marcha derrière lui, en faisant bien attention à ne pas se faire remarquer. Elle ne voulait pas que l'humain ait quelque chose à lui reprocher dès le premier jour.
Suivre l'humain était difficile : Myla n'avait plus l'habitude de marcher. Elle avait été enfermée pendant plusieurs mois dans une cage où elle ne pouvait pas se tenir debout. De plus, son maître ne lui facilitait pas la tâche avec sa démarche rapide. Myla chancela plusieurs fois et tomba même à plusieurs reprise. Elle se sentait une fois de plus humiliée.

"Mais pourquoi ne faites-vous pas attention à moi ? Pourquoi ne voyez-vous pas que j'ai les pires difficultés à vous suivre ? Êtes-vous donc à ce point sans cœur ? Je vous en supplie, ayez un peu de compassion pour moi !" pensa Myla après être tombée pour la énième fois.

En larmes, elle se releva difficilement et se remit derrière son maître qui ne se retourna pas une fois vers elle.